10 octobre 2006

Mon ami BEN...


Un Dôme de Marseille plein à craquer...
Une première partie très intéressante: PIERS FACCINI, entre Ben Harper, The Doors (pour la voix et les ambiances planantes façon Shaman) et Jeff Buckley... si les comparaisons ne sont pas trop hasardeuses...
Un public plutôt jeune entre 16 et 40 ans environ (comparé aux Stones par exemple)
Tout a débuté par un film vidéo amateur tourné par un des membres du groupe, et projeté sur scène pendant que les techniciens s'affairaient...
Où l'on pouvait voir des vues de Marseille, l'arrivée par l'Estaque, l'Evêché, Notre Dame de la Garde, Le Vieux port, Le Frioul etc... Ben Harper se promène à Marseille, Ben Harper fait du bateau... Ben Harper fait la cuisine... non, là je m'égare !
A peine, avait-il mis les pieds sur scène (je ne saurai dire s'il touchait le sol)... que la salle s'est enflammée... telle une allumette au dessus du barbecue...
Ce type dégage quelque chose de je ne sais quoi, qui galvanise littéralement les foules...
Une aura de gourou...
Les titres s'enchaînent à un rythme effréné... il est vraiment très speed...
Ses musiciens sont des monstres... au propre (cf le bassiste) comme au figuré...
Tout est basé sur le rythme: c'est vraiment prédominant: basse, batterie, percussions, un clavier et une guitare en plus de celles utilisées par Ben Harper.
La voix se chauffe au fil des morceaux et les différentes facettes se révèlent...
Quelques reprises ou clins d'oeil: Exodus de Bob Marley ou Superstitious de Stevie Wonder intercalées au milieu de chansons à lui...
Arrive le moment de grâce... tel un ange des temps modernes... sur un fonds de scène représentant un vitrail géant... exécutant un gospel urbain... il s'avance soudain sans micro au bord de la scène... devant le public médusé...
là, malgré les cris agonisants de quelques abrutis décérébrés... il rentre en transe et agite ses longs bras au dessus de la foule interdite... poursuivant son chemin A Capella...
A cet instant là, les poils de mes bras (comme ceux des jambes de la dame à côté de moi) se sont hérissés et mes yeux se sont embués... l'émotion était palpable telle une volute de fumée au dessus de nos têtes, elle circulait parmi nous...
Dans le silence, cette fine silhouette vêtue d'un tshirt avec un tigre blanc, d'une paire de jeans et de baskets attirait à elle plusieurs milliers de personnes...
S'en est suivie, une standing ovation de près de 8000 personnes pendant au moins 4 minutes alors que Ben Harper revenu au milieu de ses musiciens, contemplait son oeuvre...
Donnant des coups d'oeil à droite puis à gauche, silencieux devant ce grondement bienveillant.
C'est à cet instant que l'on peut s'interroger sur le côté "préparé" de cette communion.
Pour le savoir, il faudrait avoir vu les précédents concerts et les suivants pour savoir si oui ou non, l'émotion se crée sur commande.
Toujours est-il que c'est efficace.
Le son du Dôme est perfectible et certains morceaux tournent un peu à la cacophonie tant la présence simultanée d'une batterie déchaînée, d'un bassiste furieux, d'un clavier omniprésent, d'un percussionniste énervé, d'une guitare acharnée et d'une slide guitare pilotée à cent à l'heure par Ben Harper peut conduire, selon la durée des morceaux, à une gêne auditive.
Mais il est généreux le Ben... il fait jouer ses musiciens et nous donne l'occasion de voir son bassiste à l'oeuvre sur un instrumental improvisé groovy funk-jazz de toute beauté... un virtuose ! la basse paraît être un coton tige dans ses mains compte tenu de la différence de gabarit...
Le percussionniste aussi démarre une improvisation avec un jumbe pendant au moins cinq minutes... im-pre-ssio-nnant ! rarement, ou jamais vu ça ! je n'aurais jamais cru que l'on puisse sortir une variété aussi grande de sonorités et de rythmes à la seconde que ce qu'il nous a montré...
Le show se termine sur 4 chansons accoustiques de toute beauté... un halo de lumière verte éclairant Ben Harper seul à la guitare, assis sur une chaise africaine...
Là, la voix se fait murmure, les intonations tantôt des plaintes, tantôt des carresses suaves...
Cet homme excelle dans les balades folk et nous le prouve. La foule se brûle les doigts sur les briquets... les bras s'engourdissent en brandissant les téléphones portables dans l'espoir d'immortaliser sur la puce ces moments exquis.
Après une deuxième standing ovation. Les musiciens reviennent interprêter deux morceaux et le voyage prend fin, saluant le public des ses grands bras, l'ange Ben Harper disparaît dans les escaliers métalliques du Dôme de Marseille, laissant des milliers de personnes orphelines pour un temps, les oreilles pleines de sifflements...
On peut dire que c'était un très bon concert notamment pour l'ambiance et j'ai rarement vu dans une salle de cette taille, autant de bras levés en même temps et une émotion aussi forte, engendrée simplement par la présence d'un homme.
Ben Harper était grand hier soir.
Il faudra surveiller si ce grand artiste est suffisamment capable de se renouveler pour ne pas trop dupliquer d'années en années les recettes qui ont fait son succés jusqu'alors et tomber dans ce que nous pouvons reprocher à un Lenny Kravitz, qui faute de se renouveler à temps , est aujourd'hui quelque peu oublié malgré son talent.

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